Oh god, un nouvel article…
Oui on est tous choqués, moi la première.
Mais pour l’occasion, je devais le faire. C’est vital.
L’arrivée d’un manga que je n’attendais plus en France : Kono Oto Tomare, qui sera publié sous le titre Sounds of Life.
Mais pourquoi cette série est si importante à mes yeux et pourquoi je suis si heureuse de la voir arriver en France, et surtout, pourquoi j’aimerai que vous lui donniez une petite chance ? Petit article…
Kono Oto Tomare/Sounds of Life, keskecé ?
Kono Oto Tomare (この音とまれ!)/ The Sounds of life est un manga d’Amyu/Amu, publié dans le Jump Square depuis 2012. Il a déjà connu une adaptation anime en 2 saisons de 12 épisodes en 2019/2020 (disponible en France sur Anime Digital Network). Il y a même eu une pièce de théâtre, et on peut trouver sur Internet de nombreuses vidéos Youtube reprenant les morceaux de l’anime (morceaux originaux comme traditionnels ). Et malgré une animation et un dessin qui n’a jamais rendu hommage au trait de Amyu, ce fut un véritable coup de cœur.
Résumé Nautiljon :
Takezô Kurata, dernier membre restant du club de Koto, instrument de musique traditionnel, tente de faire survivre son club en recrutant de nouveaux membres. Heureusement, il sera rapidement rejoint par Chika Kudo, nouvel élève à la mauvaise réputation et accusé d’avoir tué son grand-père, fabriquant de Koto. Peu après, Satowa Hôzuki, enfant prodige de Koto, intégrera elle aussi le club.
Vous l’aurez donc compris, ça va parler de koto. Mais qu’est-ce que c’est ? Bah vous le découvrirez en lisant cette série !
Plus sérieusement, le koto est une sorte de harpe horizontale d’environ 1m80 de long : c’est un instrument traditionnel à cordes pincées, souvent utilisé comme instrument d’accompagnement d’autres arts traditionnels, comme le kabuki (forme de théâtre traditionnel datant de l’ère Edo). Originaire de Chine et de Corée, dérivé du zheng et se chinois, il a d’abord été introduit à la cour impériale japonaise vers le VIIIè siècle, puis s’est démocratisé. Au début, les kotos regroupaient un ensemble d’instruments importés de tout le continent asiatique, comme le biwa, la cithare, ou le sō no koto. Par la suite, seul ce dernier a fini par garder le nom de koto, après s’être imposé à la cour impériale (merci Wikipedia).
Il existe plusieurs types de koto : le plus courant a 13 cordes, mais il en existe aussi avec dix-sept, vingt et une, vingt-cinq, trente ou même trente-deux. Aujourd’hui, on l’entend évidemment dans la musique classique japonaise, mais aussi dans des styles plus contemporains : le groupe de j-rock aux inspirations classiques Wagakki Band a d’ailleurs un joueur de koto, Shion. Mais même dans nos contrées occidentales, ce n’est pas un instrument méconnu : David Bowie (Moss Garden, 1977), The Rolling Stone (Take it or leave it, 1966) ou encore Genesis (The Red Flower of Tachai Blooms Everywhere, 1979) ont utilisé le koto, et même Dr.Dre a utilisé un koto synthétisé sur Still D.R.E et Message. De plus, pour ceux et celles qui vont à la Japan Expo, cet instrument est souvent représenté. Bref, c’est un instrument qui, même s’il a perdu en popularité avec le temps, n’a jamais vraiment quitté le monde de la musique.
Pour en revenir sur Sounds of Life, il me semble que c’est la première oeuvre longue d’Amyu. Elle n’a écrit que des one-shots entre 2007 et 2010. Elle se concentre sur sa série principale à présent, qu’elle a donc commencé en 2012.
Pourquoi lire ce manga ?
C’est vrai après tout : c’est une série qui frôle les 30 tomes (et qui les dépassera au final, même si je ne pense pas que ça dépassera les 35 volumes), on a donc beaucoup de retard sur la parution japonaise, il y a beaucoup de nouvelles séries en France, c’est encore l’histoire d’un club dans un lycée… Bref, il y a beaucoup de raisons de se demander si commencer la série vaut le coup. Vous vous en doutez que si j’écris cet article, c’est que oui, ça vaut le coup.
Bien évidemment, il y a la découverte d’un nouvel instrument. Enfin, “découverte”, c’est selon chacun : comme je l’ai dit précédemment, le koto a sa part belle dans le monde de la musique, et vous connaissez peut-être cet instrument plus que vous ne le pensiez. Pour ma part, grâce à Japan Expo et à ma passion pour les instruments traditionnels, sans oublier le show-case de Wagakki Band à cette même convention en 2014, j’avais déjà eu la joie d’écouter des concerts de koto. Et j’ai tout de suite apprécié, sans m’intéresser plus que ça à la technique, je l’avoue. Mais quoi qu’il en soit, dans ce manga, tout est parfaitement fait pour que le novice ne soit pas perdu et comprenne comment ça marche.
On suit cette découverte grâce à Kudo Chika, un faux débutant grâce à son grand-père (mais qui n’a aucune technique), Hôzuki Satowa, héritière d’une grande école de koto et considérée comme un génie, et Kurata Takezô, président du club perdu, avec de bonnes bases mais sans la moindre confiance en ses capacités. Il ne faut pas non plus oublier le trio de l’enfer composé de Mizuhara Kôta, Adachi Saneyasu et Sakai Michitaka, qui sont à la base juste là pour dépanner leur pote et qui n’y connaissent donc absolument rien, aussi bien en koto qu’en musique, et qui finissent par adorer cet instrument et de s’y donner corps et âme. Une dernière personne, Kurusu Hirô, qui connaît les bases du koto grâce à sa grand-mère, les rejoint un peu plus tard, après des débuts houleux. Par leurs yeux, on découvre l’instrument, comme plusieurs d’entre eux, et on a vraiment l’impression que Kurata et Hôzuki sont face à nous, en train de nous expliquer la façon de jouer, ou celle de lire les partitions… Et cet aspect est encore plus fort quand une professeur de koto les rejoindra, ou même au travers de leur professeur référent au lycée, au début absent, et qui finalement se révèlera être un grand soutien, notamment sur le solfège et la théorie.
Et cette découverte de l’instrument est parfaitement traité, et pour cause : la sœur de l’autrice, Hashimoto Migiwa, est joueuse de koto professionnelle, et l’autrice elle-même en a joué jusqu’au lycée (sans avoir fait parti d’un club, puisque leur mère en joue également). Et c’est d’ailleurs sa sœur qui a écrit les morceaux originaux de la série, dont le magnifique, merveilleux, parfait, touchant, émouvant, Tenkyuu (oui je pleure toujours avec ce morceau) (et oui c’est une raison pour mettre une vidéo ici).
Toute cette présentation est faite en douceur, et on se rend rapidement compte des spécificités de cet instrument : que ce soit la partition étrange (surtout pour ceux qui, comme moi, ont fait ou font de la musique en Occident, c’est vraiment enrichissant de voir une autre façon d’écrire, même si on a la même tête que les personnages en découvrant la partition la première fois), la façon de jouer, les doigtés, l’importance du corps dans la création du son… Bref, on découvre tout le monde du koto. Et c’est passionnant.
Le manga devrait donc intéresser tous les fans de musiques et activités traditionnelles (coucou les fans de Chihayafuru, Théâtre des fleurs et compagnie, je vous fais de grands gestes, me voyez-vous?).
Mais même si c’est très cool de découvrir un nouvel instrument, c’est encore mieux quand ça raconte quelque chose et que les personnages sont cools, n’est-ce pas ? Ne vous inquiétez pas.
Toute l’histoire est portée par ce groupe très hétérogène, qui n’aurait jamais dû se rencontrer. Ils viennent tous d’environnement différent, aussi bien socialement qu’au niveau de l’amour qu’ils reçoivent chez eux, ils ont tous une personnalité différente et plus ou moins assumée, leurs traumas et leurs problèmes. Au premier abord, on peut penser que leurs personnalités sont un poil stéréotypées. Mais en même temps, c’est faux : ils évoluent tous assez rapidement, et le traitement est une pure merveille.
Alors oui, on a le BG énervé et un poil sanguin, la tsundere qui cache quelque chose par son comportement hautain, l’intello qui doute de lui-même, le trio d’amis un peu bébêtes mais adorables et serviables… Mais en fait on l’oublie vite, car chacun d’entre eux est parfaitement travaillé, au-delà de ces détails.
En vérité, ils sont tous brisés, chacun à leur niveau. L’un vit mal son échec et son stress et n’a plus aucune confiance en lui, un autre a la mort de son grand-père sur la conscience et une réputation qui lui gâche la vie, un autre a été rejeté par sa famille et cherche malgré tout l’amour de sa mère, un autre a perdu confiance aux autres, un dernier cache les difficultés de sa famille…
Bref, un poids qui les handicape, tout en restant crédible. Et ils vont tenter de comprendre et d’accepter pour avancer au travers de la musique, en tentant de tisser des liens avec les autres, en se dépassant jour après jour, même si leurs traumas reviennent régulièrement sur le devant de la scène.
Et le tout sans oublier l’humour : je le rappelle, ce sont des adolescents, et ils ont des remarques idiotes parfois, et certaines situations sont tout aussi drôles (notamment un passage où leur prof leur demande d’utiliser leur sex-appeal et de l’insuffler dans leurs musiques, mais aucun des garçons ne comprend ce qu’il veut, vraiment une bande de crétins ♥). Ils sont régulièrement perdus, ont toujours l’impression de pouvoir s’en sortir par eux-mêmes, avant de comprendre qu’ils n’avancent qu’en demandant de l’aide quand c’est nécessaire, même si ça touche leur ego. Et plusieurs d’entre eux en ont un sacré !
De plus, par ces relations entre eux et avec tous leurs rencontres lors de répétitions générales ou des concours, ils vont de nouveau s’intégrer à cette petite société lycéenne et trouver leur zone de confort au sein du club. Et c’est pour ça, qu’au moindre changement, ils sont naturellement méfiants. Des ados qui veulent défendre leur antre, tout en voulant évoluer, tout simplement !
Perso j’ai un gros coup de cœur pour le professeur Suzuka, qui semble tellement nonchalant au premier abord, voire même carrément démissionnaire, alors que lui aussi a son passé, et qu’il s’attache petit à petit à ses élèves, sans trop le leur montrer (même s’ils finissent par le comprendre). Sans compter l’autre professeur qui arrive quelque temps plus tard, mais je vous laisse la surprise. Mais Chika, c’est mon fils : ce personnage est bouleversant, de par son passé et le poids sur ses épaules, mais aussi par sa passion de plus en plus importante pour le koto. Il s’investit corps et âme dans cet instrument, soutenu par ses ami.e.s et sa tante.
Bref, la synergie entre les membres de ce groupe est passionnante. Surtout que leurs personnalités ressortent aussi grâce à leur jeu : ceux qui galèrent, ceux qui se comparent aux meilleurs et qui le vivent mal, les génies, ceux qui bossent et qui n’ont pas l’impression d’avoir les fruits de leurs efforts… C’est réaliste, c’est dur, c’est même cruel parfois. Et si vous avez joué d’un instrument en groupe ou orchestre, vous savez de quoi je parle. Du moins, ça m’a parlé.
De plus, toute la série est organisée comme un manga de sport, avec sa chronologie typique, comme Chihayafuru par exemple. On enchaîne les grandes étapes : la rencontre entre eux, l’entraînement, le rôle des mentors, les compétitions… Et on repart pour un tour. On a des écoles, avec les meilleures, les outsiders, celles qui créent la surprise, celles avec qui une tension et un esprit de compétition naissent. Bref, l’esprit du sport dans le monde du koto !! Et j’aime beaucoup ça, comme mes amis le savent avec un certain manga de sport, hm…
Puis n’oublions un détail qui n’en est pas un : la romance. Ce sont des adolescents, avec leurs doutes, leurs découvertes, et forcément, cela inclut les sentiments amoureux. Il y a ceux qui vont vite comprendre ce qu’ils ressentent, tout en cachant leurs sentiments, ceux qui vont commencer à gaffer en présence de l’autre, ceux qui vont rien comprendre avant des semaines/mois (années?)… Et c’est touchant de les voir avancer, réfléchir à ce sujet, tout en essayant de se concentrer sur leur pratique de l’instrument. Et j’ai hâte de voir comment tout ça va évoluer (parce qu’ils sont quand même un peu loin et un peu bêtes mes p’tits bouchons).
Enfin, parlons des dessins. Vraiment, parlons-en. Ce ne sont pas les plus originaux, je veux bien le concevoir, même si je les trouve d’une douceur incroyable. Mais peut-on parler des planches et des découpages ?? La puissance, la force, la douceur, la joie, l’harmonie, la colère, toutes les émotions sont parfaitement retransmises par le trait d’Amyu. On a l’impression d’être dans la salle, avec eux, et de prendre un plaisir incroyable à la prestation des artistes. Quand nos personnages sont choqués et bouleversés par une expérience, on ressent la même chose. Quand c’est eux qui transportent leurs spectateurs, on le ressent aussi. Certaines planches m’ont donné de véritables frissons, à m’en couper le souffle ou à me faire pleurer.
BREF
Je ne sais pas si je vous ai donné envie d’essayer Kono Oto Tomare/Sounds of Life. La série a fêté ses 10 ans cette année avec beaucoup de goodies (mais j’en ai pas un seul, ouin!), et la voir enfin quitter le territoire japonais me rend heureuse. Il me semble aussi qu’elle a eu un impact sur le monde du koto : comme je l’ai dit au début, on trouve beaucoup de vidéos d’artistes reprenant les morceaux de l’anime. Mais il faut savoir qu’en se penchant un petit peu sur l’univers, on découvre que des jeunes se mettent en évidence sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok, où ils reprennent également des morceaux contemporains (petite pensée à Rena, @/0707koto, qui a diffusé ses reprises de Twice, Yoasobi ou même Bruno Mars). Néanmoins, j’émets des doutes, puisque je me suis surement enfermée dans une petite bulle bien agréable, comme c’est souvent le cas avec les réseaux sociaux, et surtout avec ce site chinois.
Tout ce que je sais c’est que j’ai envie de pleurer et de remercier Akata à genoux. En vrai, c’était évident que ça allait arriver, maintenant que j’ai commencé à acheter la série en japonais… Mais c’est pas grave, je donnerai encore plus d’argent à Amyu.
Bref je suis si heureuse de voir la série arriver en France, et j’espère sincèrement que vous lui donnerez une chance.
Et si jamais, je serai toujours là pour en parler (en bien, parce que voilà xD).
Et en cadeau, la couverture des tomes 1 et 2 en France♥
